Si les objets qui ponctuent notre quotidien pouvaient parler, ils en diraient tellement sur nous, cette personne qui est bien plus qu'un être de consommation, cachée derrière ses habitudes et son rythme métro - boulot - dodo.
Le vieux Nokia qui nous sert de réveil matin s'arracherait les touches avec notre manie de le faire crier trois fois, entre 7h22 et 7h42. Mais la couette continuerait de nous envelopper de sa chaleur, sournoise, nous susurrant un doux et langoureux "aie confiance".
Le miroir verrait entre nous un possible rapprochement tandis que, chaque année, mon visage se colle un peu plus à lui, pendant que mes lunettes attendent sagement le tsunami du lavabo pour sa douche forcée quotidienne. Elles ne se feraient pas prier pour appeler au secours le 3615 lunettes maltraitées. Tentatives de noyade par négligence et homicide involontaire par défenestration sans fenêtre du haut de sa tour d'ivoire du meuble de la salle de bain, je pense que j'écoperais facilement d'un an ferme de torture à coups de lentilles.
La douche se délecterait d'allumer le feu en me donnant en offrande son eau la plus chaude, et le sèche-cheveux prierait chaque jour tous les dieux et déesses de l'air chaud propulsé pour ne pas être la prochaine victime sur ma liste. Ou plutôt sur celle de la malédiction planant au-dessus de ma tête, ayant fait périr sans atroce souffrance deux prédécesseurs en l'espace de quatre ans. Un jour, il se dirait "c'est elle ou moi", et à la manière de son confrère ardéchois, il tenterait de m'électrocuter et finirait explosé au sol... C'était lui, ou moi.
Ma collection de mugs attendrait impatiemment ma sortie de la salle de bain et la séance de nomination des vêtements et accessoires élus pour la journée, pour enfin connaître le gagnant de la loterie donnant droit à faire la toupie dans le four à micro-ondes. Les grains de cacao, les feuilles de thés et les gouttes de lait trembleraient à l'idée d'être arrachés à leur vie en captivité pour terminer au fond d'un estomac visqueux.
Il serait alors l'heure de partir pour le bureau. La paire de chaussures choisies ferait la gueule à l'idée de sortir et de croiser boue, mégots et tessons de verre tandis que les autres feraient la fiesta à l'appart, quand personne n'est là pour les empêcher de faire du rodéo sur le dos de cet autre "bien meuble" de la maisonnée qui a récemment (et c'était pas trop tôt) obtenu son statut d'être vivant doués de sensibilité (mention peu mieux faire pour le code civil, des efforts sont encore largement attendus).
Ha ha génial cet article ! Il faudrait que je réfléchisse un peu à ce que les objets de mon quotidien pourraient dire de moi !
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