Je dois bien l'avouer, j'ai comme une (légère ?) obsession pour la vaisselle
bleu et blanc.
Qui a débuté avec l'acquisition d'assiettes et bols de la
manufacture anglaise Johnson Brothers.
Un premier doigt dans l'engrenage avant de découvrir l'iconique collection Blue Italian de la maison Spode, la très belle porcelaine de Delft mais aussi les pièces de vaisselle anciennes en Terre de fer et Ironstone.
Leur point commun : ces motifs aux nuances de bleu qui en ont fait leur
renommée.
Et n'ont de cesse de me séduire, n'en déplaise à mon vaisselier
bientôt trop plein pour accueillir de nouvelles pièces.
Si j'apprécie beaucoup la céramique Terre de fer dont je possède quelques pièces, c'est son aînée l'Ironstone, moins connue en France, qui me séduit le plus souvent, et que l'on retrouve en nombre dans mes placards.
Il était donc temps de consacrer un article à cette vaisselle bleu et blanc qui me passionne ; d'évoquer ses origines, les différentes matières, leurs nuances et les célèbres manufactures, en France et à l'étranger.
1. Les origines
2. Ironstone et Terre de fer
3. Pâte blanche ou ivoire
4. Nuances de bleu
5. Les décors et illustrations
6. Associer les pièces dépareillées
7. Manufactures françaises et anglaises
Les origines
Le succès de la vaisselle bleu et blanc n'est pas tout jeune.
Au début du XVIIème siècle, elle avait déjà ses admirateurs.
C'était
alors la porcelaine chinoise que l'on avait sur sa table, grâce aux
importations de la compagnie néerlandaise des Indes orientales.
Alors forcément, comme tout ce qui est à la mode, la porcelaine chinoise a
inspiré.
A été copiée.
Et même contrefaite.
Les potiers hollandais ont ainsi imité les pièces et motifs chinois afin de
vendre leur propre production.
Et le marché s'est particulièrement
développé autour de Delft où la porcelaine produite était d'excellente qualité
; au point de créer une nouvelle marque de fabrique : la porcelaine de
Delft.
Et la copie a continué.
En Allemagne, en Angleterre ou encore en
France.
On parle alors de delftware pour désigner la faïence
anglaise et allemande inspirée par la porcelaine de Delft, ou de delfts
français pour la France.
Une histoire et une évolution que j'ai adoré découvrir lors de ma visite du
musée de Royal Delft, aux Pays-Bas.
Découvrir aussi : chiner de grands vases en bleu de Delft, conseils et sélection.
Ironstone et Terre de fer
Si la porcelaine a toujours beaucoup de succès, pour sa finesse notamment,
elle a tout de même un défaut : sa fragilité.
Trop fine ou pas suffisamment qualitative, elle ne résiste pas toujours aux
chocs de température.
Raison pour laquelle est né l'un des débats les
plus anglais qu'il soit : faut-il mettre le lait avant ou après le thé ?
Dans les familles plus modestes, où les services de table étaient de moindre qualité, verser le lait froid avant le thé permettait ainsi d'éviter que la tasse ne se fende au contact du thé très chaud ; aujourd'hui, le débat est toujours bien vivant même si les tasses résistent mieux au choc de température.
Au début du XIXème siècle, un nouveau type de céramique a donc été mis au
point en Angleterre.
Plus résistant, plus abordable également.
Un
mélange d'argile, de feldspath et de kaolin, breveté et appelé Ironstone.
Les potiers français s'en sont alors inspirés pour créer la Terre de fer avec des propriétés similaires mais avec des ressources puisées dans le sol français.
Pâte blanche ou ivoire
Chaque manufacture, chaque collection aussi, possède ses propres nuances.
En
commençant par la couleur de la pâte, plutôt blanche ou ivoire, parfois avec
des reflets légèrement bleutés (surtout pour les pièces les plus anciennes).
La blanche, que je retrouve plus souvent dans les pièces en ironstone, a
d'ailleurs ma préférence.
J'aime son élégance naturelle.
La patine
plus douce que lui confère les années.
Et sa facilité à s'accorder avec
ma vaisselle moderne lorsque que je dresse une table dépareillée.
J'apprécie toutefois la pâte ivoire aussi, que l'on trouve peut-être plus
fréquemment en terre de fer.
Sa teinte naturelle et sa patine, jaune à
brune, m'inspirent plus volontiers une ambiance de campagne.
Que j'aime
mettre par petites touches dans ma décoration, avec notamment un très grand
pichet que j'utilise en guise de vase.
Nuances de bleu
Que ce soit l'ironstone, la terre de fer ou la porcelaine de Delft, toutes ces
matières ont largement été façonnées en vaisselle et pièces de formes aux
motifs bleu et blanc.
Avec décors peints avec des encres qui vont du bleu profond au bleu vert, en passant par toutes les nuances entre les deux.
Des camaïeux qui impriment une véritable identité à chaque pièce.
Et qui
marquent une différence entre les pièces anglaises en ironstone, et les pièces
françaises en terre de fer.
Au fil des brocantes et vide greniers, mes coups de cœur se sont naturellement et inconsciemment portés vers la vaisselle en ironstone, aux teintes de bleu peut-être un peu plus froides, parfois plus vibrantes aussi. Des bleus francs, qui peuvent tirer sur le violet également.
Tandis que la vaisselle en terre de fer présente des teintes de bleu souvent plus douces, plus chaudes, avec une tendance à aller sur le vert.
Mais il existe une palette de couleurs bien plus large encore.
Si les camaïeux de bleu sont les plus fréquents, on retrouve également de
nombreuses pièces en différentes teintes de verts, de gris et de rouges.
Des
décors monochromes, le plus souvent.
Bien qu'il existe des décors
polychromes également.
Avec un motif en base de gris ou de brun, et
quelques touches de couleur rajoutées par-dessus pour faire ressortir certains
éléments.
Les décors et illustrations
Sans doute faudrait-il dédier une encyclopédie complète à ce sujet tant il en
existe une large variété.
Certains sont très courants, d'autres recherchés par les collectionneurs car produits en plus petite quantité ou par des manufactures fermées prématurément.
Parmi les thèmes les plus illustrés, on retrouve la nature et la campagne.
Avec
des dessins de végétaux, des illustrations avec des oiseaux ainsi que des
scènes champêtres.
En brocante, en France tout du moins, on trouve une différence assez marquée dans les illustrations d'ironstone et de terre de fer.
Les motifs anglais représentent plus souvent des petites scènes de vie, que ce soit à la campagne ou à la ville ; on retrouve des illustrations très complètes et plus chargées avec des moulins, des châteaux, des fiacres ou des auberges.
Tandis que les pièces françaises sont plus dans l'abstraction ou la poésie, avec des arabesques, des entrelacs de végétaux, des compositions florales.
Associer les pièces dépareillées
J'aime l'idée d'avoir de belles pièces de forme en décoration, mais dans
l'ensemble, j'aime surtout pouvoir utiliser et dresser de jolies tables avec
la vaisselle que je possède.
Pour le Nouvel An, par exemple, j'ai créé un buffet avec une grande partie de mes plats de service ; raviers, saladiers, coupelles et serviteurs muets bleu et blanc chinés, associés à des plats argentés. L'ensemble était harmonieux et se mariait naturellement, bien que chaque pièce était dépareillée.
Et pour cela, un seul secret qui rend l'association si facile à faire : assembler des pièces aux couleurs de pâte similaire.
Comme je le disais plus haut, les pâtes blanches ont ma préférence.
Une
chance : cela me permet de facilement associer ma vaisselle chinée et ma
vaisselle moderne, bien pratique lorsque l'on reçoit régulièrement ses proches
car cette dernière a l'avantage de passer au lave-vaisselle.
Je joue ensuite sur les nuances de bleu.
Mettant côte à côte celles qui
se répondent le mieux.
Celles qui partagent des sous-tons similaires.
D'une manufacture anglaise à l'autre, on retrouve des bleus et des motifs qui
s'associent facilement.
Voici un exemple d'association que je réalise
avec les pièces que je possède :
- "Mill Stream" et "Olde English Countryside" de Johnson Bros,
-
"Woodland" de Enoch Wedgwood,
- "Coaching Days" de Alfred Meakin,
-
"The Brook" et "Royal Mail" de Myott.
Un ensemble de pièces chinées dont les nuances créent une belle harmonie et peuvent facilement être accompagnées de mon service moderne "Vieux Luxembourg" de la marque Villeroy & Boch.
Manufactures françaises et anglaises
Comme pour les motifs, une encyclopédie pourrait largement être consacrée aux
différentes manufactures, toujours en activité ou fermées depuis longtemps,
qui ont produit des services aux motifs bleu et blanc.
Voici donc trois listes non-exhaustives qui pourront vous aider à chercher et trouver des modèles qui vous plaisent.
Faïenceries anglaises productrices d'Ironstone :
- Mason’s
- Enoch Wedgwood
- Myott
- Johnson Bros
- Spode
- Alfred
Meakin
- Booths
- Ridgway
Faïenceries françaises productrices de Terre de fer :
- Gien
- Sarreguemines
- Longwy
- Choisy-le-Roi
- E.C.
Samaritaine
- Creil
- Clairefontaine
- Saint Amand
- Longchamp
Autres faïenceries :
- Royal Sphinx
- Villeroy & Boch
- Royal Delft
- Royal copenhagen
Lire également : mes conseils pour chiner sa vaisselle (et la faïence anglaise)
Article très intéressant, merci beaucoup Louise ! Cela donne envie d'approfondir les connaissances et j'avoue que j'adorerais aussi voir ta collection pièce par pièce ! Ahah
RépondreSupprimerAvec grand plaisir ; j'aime tant ce sujet. 🥰
SupprimerJe pense que je prendrai le temps de tourner une vidéo pour montrer tout ça de plus près, sur Instagram.
Bonjour. Très bon article, très intéressant et bien documenté. Je suis également une passionnée de vaisselle, mais je n’arrive pas à me focaliser sur un seul type. Je chine autant des décors floraux que des motifs plus contemporains 😂 ! J’aimerai beaucoup voir un article sur votre façon de dresser vos tables pour différentes occasions.
RépondreSupprimerBon dimanche !
Merci beaucoup Coralie !
SupprimerHaha, le plus important, c'est de chiner ce qui nous plait. 🥰
J'ai fait un article sur ma table de Noël 2024 : https://www.louisegrenadine.fr/2024/11/table-noel-couleurs-traditionnelles-vaisselle-bleue-blanche.html
Et je prévois d'en faire d'autres à l'avenir !